Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/553

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leu en vn Rabin ancien, que le corps, and l'ame sont punis pour auoir offensé conioinctement, and leur excuse des choses disioinctes aux choses conioinctes, n'est nõ plus receuable, que l'excuse de l'aueugle: and de celuy qui auoit les iambes couppees, que le iardinier accusoit d'estre venus en son iardin manger ses fruicts. L'aueugle disoit, ie ne vois goutte, ny iardin, ny arbres: L'estropiat disoit ie n'ay poinct de iambes poury aller: Mais le iardinier leur dict, que l'aueugle auoit porté l'estropiat, and cestuy-cy auoit guidé l'aueugle, and tous deux ensemble auoient faict, ce qu'ils ne pouvoyent faire separement. Encores y a il plus grande apparence en ce cas: d'autant que Sathan peut seul faire2 les choses estranges que nous auons dictes, tuer, meurtrir, faire mourir les fruicts, agiter lesvents, ietter les feus, gresles, and foudres, pour chastier comme vn bourreau and executeur de la haute iustice de Dieu, par la permission d'iceluy. A plus forte raison estant aydé, prié, and adoré pour ce faire par les Sorcieres, and sans la priere, inuocation, and adoration desquelles sa force est affoiblie, and sa puislance debilitee, and l'occasion de nuyre tellement retranchee, que les Sorcieres mortes on vold souuent que les estropiats se redressent, la maladie se guerist, les mortalitez cessent, comme nous auons monstré cy dessus. Et quand à l'argument qu'on faict, que les Sorcieres ne meritent poinct de peine; s'il est ainsi que Sathan vse d'icelles pour executer des desseins, and que l'action, and souffrance ne peuuent estre ensemble: sont argumens Sophistiques and captieux. Car quant à l'action and passion, il -notes- 2Iob c.2. Page 568