Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/373

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Des-Eschelles, auquel il auoit donné grace pour accuser ses complices. Et confessa deuant le Roy, en presence de plusieurs grands Seigneurs, la façon du transport des Sorciers, des danses, des sacrifices faicts à Sathã, des paillardises auec les Diables en figure d'hõmes and des femmes: and que chacun prenoit des poudres pour faire mourir hommes, bestes, and fruicts. Et comme chacun s'estonnoit de ce qu'il disoit. Gaspard de Colligny lors Admiral de Frãce, qui estoit present, dist qu'on auoit pris en Poictou peu de mois au parauant vn ieune garçon, accusé d'auoir fait mourir deux Gentils-hommes: il confessa qu'il estoit leur seruiteur, and les aiãt veu ietter des poudres aux maisons, and sur les bleds, disans ces mots, Malediction sur ces fruits, malediction sur ceste maison, sur ce pays. Ayãt trouué de ces poudres, il en print, apres auoir dit, Malediction sur ce lict, and en ietta sur le lict ou couchoient les deux Gentils-hommes, qui fure (02) t trouuez morts en leur lict to9 enflez and fortnoirs. Il fut absous par les Iuges. Des-Eschelles alors en raconta beaucoup de semblables: Et faut croire que si le Roy, qui estoit d'vne forte complexion and robuste, eust faict brusler ce maistre Sorcier and ses complices, il est à presumer que Dieu luy eust donné pour telles executions heureuse and longue vie. Car la parole de Dieu est tres-certaine, que celuy qui faict escapper l'homme digne de mort, verse sur luy mesmes la peine d'autruy, comme le Prophete dist au Roy Achab, qu'il mourroit pour auoir donné grace à Benadab, qui auoit merité la mort. Or iamais n'auoit esté ouy qu'on donnast grace aux Sorciers. Vray Page 388