Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/338

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fuite. Et au mesme instant les malings Esprits les pour suiuirent batans iusques en la maison d'où ils estoient sortis, and entrerent dedans faisant vn bruit si grand, que l'hoste pensoit qu'il tonnast. Ainsi void on que les malings Esprits qui sont le plus souuent gardes des thresors, ne veulent pas, ou pour mieux, dire, que Dieu ne souffre pas que personne par tels moyens puisse enrichir. Aussi les Hebrieux disent que ceux qui sont morts à regret, insensez d'vn amour furieux d'eux mesmes, souffrent leur enfer, comme on dict, au sepulchre, ou au tour de leur charongne, à fin que par la Iustice de Dieu eternelle chacun soit puny en ce qu'il a offencé. Et qui plus est, les souffleurs Alchemistes pour la pluspart, voyans qu'ils ne peuuent venir à bout de la pierre Philosophale, demandent conseil aux Esprits, qu'ils appellent familliers. Mais i'ay sçeu de Constantin, estimé entre les plus sçauans en la Pyrotechnie, and art metallique, qui soit en France, and qui est assez cogneu en ce Royaume, que ses compaignons ayans long temps soufflé sans aucune apparence de proffit, demanderent conseil au Diable s'ils faisoient bien, and s'ils en viendroient à bout. Il feit response en vn mot, Trauaillez. Les souffleurs bien aises continuerent, and soufflerent si bien qu'ils multiplierent tout en rien and souffleroient encores n'eust esté que Constantin leur dist, que Sathan rendoit tousiours les oracles à double sens, and que ce mot Trauaillez vouloit dire, qu'il falloit quitter l'Alchemie and s'employer au trauail, and honneste exercice de quelque bonne science pour gaigner sa vie, and que c'estoit Page 353