Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/313

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seul. Et de faict tous les Sorciers qui font professiõ de guerir les maladies, and oster les charmes, demandent premierement à celuy qu'ils veule (02) t guerir, qu'il croye fermement qu'ilsle gueriront, and qu'ils si fient. Cela est ordinaire and qui est vne idolatrie meschante: car c'est donner à la creature la fiance qui appartient au Createur. Aussi voit on au procés d'Abel de la Rue executé à mort, l'an 1582. par arrest de la court, quele diable ne luy parloit d'autre chose que d'auoir fiance en luy, and qu'il seroit bien heureux, qu'il ne seroit iamais pauure. Aussi Sathan employe toutes ces receptes, and sa puissance à guerir celuy qui se fie en luy, ou és creatures. Dequoy Galen estant estonné, quand il parle de Medicatione Homerica, dict que plus on a de fiance aux paroles és ligatures plustost on guarist. Toutesfois Sprãger faisant le procez aux Sorcieres, a entendu que cela n'a lieu si non aux maladies venues par sortileges. Et que les Sorciers ne peuuent guerir des maladies naturelles, non plus que les medecins ne peuuent guerir des maladies venues par sortileges. Il y auoit vn sauetier Sorcier dans Paris qui guerissoit de ceste sorte la fieure quarte, en touchant feulement la main: mais celuy qui ne vouloit pas croire qu'il peust guerir, ne guerissoit poinct: I'en ay veu vn autre qui estoit de Mirebeau en Anjou qui guerissoit du mal des dents en la mesme sorte: Et voyant Messire Charles des Cars Euesque de Langres and Pair de France frappé d'vne fieure quarte, il luy dist qu'il cognoissoit vn homme qui le gueriroit seurement. Le iour suyuant il luy amena vn homme qui luy toucha la main, Page 328