Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/312

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meschans, and n'ayãs pitié des pauures, Dieu n'eut point pitié d'eux. Aussi l'Escriture saincte appelle l'aumosne [Hebrew omitted] c'est à dire, Iustice: and au lieu que no9 disons donnes l'aumosne, ils disent dõnez la Iustice, comme estant l'vne des choses qui plus iustifie le meschant.G1 Et à ce propos l'Escriture dict, Eleemosina liberat à morte, and en autre lieu, Hilarem datorem diligit Deus, and au Psalme cent onziesme, où il est dict, Dispersit, dedit pauperibus: iustitia eius manet in æternum: l'interpretation est de mot à mot [Hebrew omitted] qui signifie l'aumosne, que les soixãte and dix ont tourné Iustice: c'est pourquoy Daniel persuadoit au Roy Nabuchodonosor, qu'il rachetast son ame par aumosnes. Et en autre lieu2 il est dict, que l'eau froide n'estaint pas si tost le feu, comme l'aumosne estaint le peché. Brief toute l'Escriture saincte n'est pleine d'autre chose. Voila, peut-estre, l'vn des plus grands and des plus beaux secrets qu'on puisse remarquer, pour oster à Sathã, and à tous les Sorciers la puissance de nuire: non pas seulement aux gens de bien, qui sont bien gardez, mais aussi aux meschans, and Payens qui ne cognoissent point Dieu: comme estoit3 Cornelius, duquel est faict mentiõ aux Actes des Apostres. Toutesfois le plus asseuré moye (02) and qui passe tous les autres, c'est de se fier en Dieu, and s'asseurer de luy comme d'vne forteresse treshaute and inexpugnable: c'est, dit Philon, le plus grand, and le plus agreable sacrificé qu'on sçauroit faire à Dieu, and pour le quel Abraham receut tant de benedictions, and duquel l'Escriture dit, qu'il se fia en Dieu, and qu'il luy fut imputé à Iustice. C'est de ne s'appuyer sur les Roys, ny sur sa force, ny sur ses biens, and amis: mais sur Dieu -notes- G1Tob.c.12. 2En l'Eccles. 3Cap.10. Page 327