Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/212

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croire que telle marque fust possible ou insensible il voulut en voir l'experience d'vne à la quelle en sa presence on percza la mar que d'vn poinczon de fer ardent sans quelle fist semblant de sentir douleur. Et lors qu'on la piquoit autre part elle crioit tout haut. Encore est il plus estrãge que la pluspart des Sorciers ne se contentent pas de renoncer à Dieu, ains encores ils se font baptizer au nom du Diable, and nommer par vn autre nom, qui est la raison, pourquoy les Sorciers ont ordinairement deux noms. Et faict bien à noter qu'il ne faut que vn Sorcier, pour en faire cinq cens. Car pour faire chose la plus agreable au Diable, and auoir paix à luy quand on c'est donné à luy, c'est d'attirer beaucoup de sujets. Et ordinairement la femme y attire son mary, la mere y meine sa fille, and quelquesfois toute la famille continuent plusieurs siecles ainsi qu'il a esté aueré par infiniz procez. Comme aussi anciennement il y auoit des familles en Afrique, and en Italie, qui faisoient mourir en regardant, ou loüant les personnes, ainsi que Solin, Memphodore, Pline, Gellius, and Isigone escriuent. Ce que Aristote a remarqué aux Problemes, XX. section, Probleme XXIIII. qu'on protestoit deuant que loüer que cela ne peut nuyre à personne. Ce que les Italiens disent aussi quand ils voyent qu'on louë quel qu'vn à pleine bouche: Di gratia no glidiate mal d'ochio. ce que les Sorciers font à propos and sans propos. Pour à quoy obuier les Latins portoyent vne couronne d'herbe, qu'on dict Baccar ou grands nostre Dame comme dit Virgile, Baccare frontem cingite ne vati noceat mala lingua Page 227