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vouloit par les propheties Sybillines, forgees peut-estre à plaisir, ausquelles les Payens adioustoient foy. Et de dire, que les vers Sybillins soient ceux qui sont imprimez, and tournez de Grec en Latin par Castalion, (Qui comprennent sommairement toute l'Histoire de la Bible, and rien autre chose) c'est vn abus assez notoire: caril n'y a pas vn seul vers de ceux qui sont r'apportez des Sybilles en Ciceron, en Tite-Liue, en Porphyre, en plutarque, and aux autheurs Grecs. Toutesfois on pensoit bien faire d'attirer alors les Payens à la religion Chrestienne en quelque sorte que ce fust, qui est vne opinion reprouuee, and iustement condamnee, car il ne faut pas mesler les Propheties inspirees par la bouche de Dieu, auec les Propheties Sybillines inspirees aux Payens infideles par Sathan. Aristote2 cherchant la cause d'où procedoit telle diuination and fureur, s'en estõne fort: en fin il dit, que cela venoit de la vapeur des cauernes, comme en la cauerne Lebadienne, ou Trophonienne, Coricienne, Pythiaque, and autres: Mais ceste cause-là n'a point de raison: car, pourquoy plustost ceste cauerne-là qu'vne autre, and entre vn million il ne s'en trouuoit pas demie douzaine. Et d'auantage, pourquoy les Oracles de ces cauernes-là eussent cessé cent ou six vingts ans deuant Cicerõ, cõme nous lisons en son liure de Diuinatione. Et neantmoins les cauernes n'ont point changé: ce qui a meu Plutarque4 de soustenir, que les Dæmons de ses cauernes là estoient morts. D'auantage quelle cause apparente y a il que l'esprit entrast dedans le ventre d'vne femme, and parlast dedans son estomach la bouche -notes- 2In li.de mu (05) do ad Alexãdru (05) . 4In li.de oraculorum defectu. Page 214