Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/154

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vne impieté: car premierement c'est blasphemer Dieu, que de iurer autre6 que luy, ce qu'il faisoit: En second lieu, c'est vn moyen Diabolique, attendu qu'il ne se peut faire par nature, and qu'il est defendu par la loy de Dieu. Et de dire que la vertu des paroles y faict quelque chose on void euidemment que c'est vne piperie Diabolique, de laquelle les malins esprits ont accoustumé d'vser, pour attraper les ignorãs, and les acheminer peu à peu à leur escole. Et mesmes Iean Pic Prince de la Mirande escrit7 que les mots barbares, and non entendus, ont plus de puissance en la Magie, que ceux qui sont entendus. Et pour le decouurir encores plus, il n'y a païsant de village qui ne sache, que par le moyen d'vn vers des psalmes, que ie ne mettray point, estant prononcé pendant qu'on faict le beurre, il est impossible de faire rien. Et me souuient, que estant à Chelles en Valois, vn petit laquais empeschoit la chambriere du logis de faire son beurre: elle menassa de le faire fouëter pour luy faire oster le charme, ce qu'il fist, ayant dict à rebours le mesme vers aussi tost le beurre se fist, combien que on y auoit employé presque vn iour entier. Si c'estoit qu'on y mist du succre tant soit peu, il est bien experimenté, que le beurre ne se peut coaguler: Et cela est vne Anthipathie naturelle: comme en cas pareil vn peu de cuiure getté en la fornaize de fer, empesche que la mine de fer puisse fondre, and se tourne entierement en cendre: s'est pourquoy les forgerons ayant allumé le feu, veillent à cela que personne n'approche de leur forge, craignant qu'on y gette du cuiure. Mais on peut demander s'il -notes- 6Deuer.19. Hier. 5. and 12. 7In Positicnibus. Page 169