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de Sorcelleries, comme en cas pareil ils ont trouué le mot d'Esprit familier, and en Afrique les Dæmons blancs: and en Grece les Sybilles: and en Almaigne les blanches Sybilles, and en France les Fees. Dequoy i'ay bien voulu aduertir les Lecteurs, à fin qu'ils ne s'abusent soubs le voile de ces beaux mots. Car comment est-il possible, ce que escrit ce bon Docteur, que chacune Planette, voire chacune Estoille ait vn mauuais De (11) mon, aussi bien que vn bon Dæmon, puis qu'il n'y a point de Diables au Ciel, and que tout le mal est enclos au monde elementaire, qui n'est qu'vne petite particule de ce grand nombre, and qui est distante du Ciel de la Lune, de plus de cinquante mil lieuës. Or tous les Theologiens and Philosophes demeurent d'accord, que chacun a son Intelligence ou Ange, pour le mouuoir. Posons que chacune Estoille ait aussi son intelligence, si n'y eut-il iamais Philosophe, qui pensast qu'il y eust des malins Esprits au Ciel, and beaucoup moins deux Dæmons contraires s'accorderoient en leurs actions, and mesmement au mouuement inuariable and immuable des corps celestes. Car ce n'est pas ainsi que l'homme qui est libre à bien ou à mal faire, and qui est tantost agité du malin Esprit, quand il se tourne and adonne à meschancetez: tantost du bon Esprit, quand il retourne à Dieu. D'auantage comment est-il possible d'inuoquer le bon Ange, ou blanc Dæmon des planettes, qu'on ne commette vne damnable idolatrie en adorant, ou la planette, ou son Dæmon, ou les deux ensemble, attendu mesmes la façon des sacrifices ordonnez par ce gentil maistre, Page 163