Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/116

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on attirera, voire on forcera les puissances celestes. Et neantmoins en la XXIIII. position le mesme autheur soustient qu'il n'y a rien qui ayt plus grande force en la Magie, que les figures and caracteres: Et en la position XXI. il soustient, que les paroles Barbares, and non significatiues ont plus de puissance, que celles qui signifient quelque chose. Nous auons monstrè la vanité, ou pour mieux dire, l'impieté de telles choses. Mais pour descouurir le secret de telle imposture que le mesme autheur a couuerte, ou celuy qui a emprunté son nom, nous voyons en la XXVIII. position sur les Hymnes d'Orphee, ces mots, Frustra naturam adit, qui Pana non attraxerit, Pour neant on vse des choses naturelles, qui n'aura attiré Pan, c'est à dire, qui n'aura inuo qué Sathan. Car tous les anciens ont entendu par le mot de Pan, ce que les Hebrieux appellent Sathan, and par les terreurs Paniques, ils ont tousiours fignifié les frayeurs des Diables, and ceux que souffrent les Dæmoniaques fuyant les malins esprits, quand ils viennent les vexer: and Plutarque au liure de Oraculorum defectu, appelle le Prince des Dæmons, le grand Pan, à la mort duquel les autres Dæmons furent ouys faire de grands cris, and gemissemens, au temps de Tibere l'Empereur: la quelle histoire est aussi cõfirmee par Eusebe aux liures de la preparation Euangelique. Et n'y a point d'excuse de vouloir penser que le Prince de la Mirande, ayt entendu par le mot de Pan, la forme, car le mot de nature emporte la forme, and la matiere: ioinct aussi que c'est aux positions Magiques sur les chants d'Orphee Archisorcier qui fait bien à noter. Page 131