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tout de celle qu’il aime, sans en rien exiger. Quand elle comble un de ses vœux, quand elle va au devant d’un de ses désirs, loin de s’en enorgueillir, il l’en remercie avec une effusion mêlée de surprise, Il lui pardonne généreusement tous les torts qu’elle a envers lui, car trop fier pour s’emporter ou pour se plaindre, il ne sait provoquer ni la pitié, qui attendrit, ni la crainte, qui fait taire. Quel enfer, si le malheur l’a fait tomber sur une femme belle et méchante, sur une coquette aux sens froids, ou sur une jeune fille acariâtre avant l’âge ! Il souffrira vivement de leurs perfidies, mais il les excusera par la fragilité de leur sexe ; ou, s’il convient de sa faiblesse, il en gémira sans en vouloir triompher. Son indulgence peutalors le conduire à la dégradation. Il suivra, les yeux fermés, la pente qui l’entraine à l’abime, sans que le blâme, l’ambition, la fortune puisse l’arrêter ou le retenir.