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Du bon Accent

prandre nôtre Langue par la lecture de nos Livres. Et nos Autheurs se laissans vaincre à cette consideration, font des Livres, les plus conformes qu’ils peuvent à la manière de prononcer. Il seroit bien mieux, ce semble, de parler comme l’on écrit, de rendre la parole la suivante de l’Ecriture ; que de la rendre maîtresse : Parce que l’Ecriture étant solide & constante, on s’arrêteroit bien mieux le torrent de la corruption ; & l’on fixeroit la Langue, plus facilement que l’on ne fait, en écrivant comme l’on parle ; & en forçant l’Ecriture, de prandre toutes les modes de la Parole, qui est une volage ; & qui ne demeure pas la même durant l’espace de vingt-ans, & dans l’intervalle de vingt-lieues. La complaizance que nos Ayeuls, ont euë d’écrire par fois, comme l’on parloit de leur tems, est cause que nous n’entendons prêque point les vieux Livres qui nous restent : & aujourduy il nous vient des Let-