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diſcours, ces amplifications de rhétorique, ces livres traduits de l’anglois, compoſés par des aventuriers dont l’unique plan eſt probablement de bouleverſer l’univers.

Nous avons peu d’intérêt, Messieurs, à vanter beaucoup l’importance dont nos pays ſont à la France ; nous abandonnerons les grands développemens de cette cauſe à toutes les provinces maritimes du royaume, à toutes nos villes qui bordent l’Océan & la Méditerranée, à plus de cinq millions d’hommes que fait vivre & entretient une augmentation de richeſſes de plus de deux cent millions qui donnent un mouvement de près de deux milliards aux affaires générales d’une grande Monarchie.

Nous nous bornerons donc, Messieurs, à une diſcuſſion ſimple & vraie ſur cette grande & importante matière.

Nul n’eſt riche, Messieurs, de ce qu’il conſomme, mais bien de ce qu’il poſſede au-delà de ſa conſommation, & de ce dont il accroît conſéquemment ſa fortune. Ceci eſt une vérité inconteſtable.

Ainſi, ſi la France produit à peine ce qui lui eſt néceſſaire pour ſes propres habitans, ſi ce qu’elle vend à l’étranger des produits de ſon territoire & de ſes manufactures, ne paie pas même, à trente[1]

  1. Voyez le Mémoire ſur le commerce de la France & de ſes Colonies, imprimé chez Moutard, page 103.