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nombre, et réduit beaucoup d' autres à la mendicité, il est bon de faire tout ce qu' on pourra pour le rétablir ; d' autant plus que la plûpart n' ayant que leurs bras affoiblis par la mauvaise nourriture, la moindre maladie ou le moindre accident qui leur arrive, les fait manquer de pain, si la charité des seigneurs des lieux et des curez, ne les soûtient.

C' est pourquoy, comme j' ay fait un détail de ce que peut gagner un tisserand, et de ce qu' il peut payer de dixme royale et de sel, il ne sera pas hors de propos d' en faire autant pour le manoeuvrier de la campagne.

Je suppose que des trois cens soixante-cinq jours qui font l' année, il en puisse travailler utilement cent quatre-vingt, et qu' il puisse gagner neuf sols par jour. C' est beaucoup, car il est certain, qu' excepté le temps de la moisson et des vendanges, la plûpart ne gagnent pas plus de huit sols par jour l' un portant l' autre ; mais passons neuf sols, ce seroit donc quatre-vingt-cinq livres dix sols ; passons quatre-vingt-dix livres ; desquelles il faut ôter ce qu' il doit payer, suivant la derniere ou plus forte augmentation, dans les temps que l' etat sera dans un grand besoin, c' est-à-dire le trentiéme de son gain, qui est trois livres, ce qui doublé fera six livres, et pour le sel de quatre personnes, dont je suppose sa famille composée, comme celle du tisserand, sur le pied de trente livres le minot, huit livres seize sols, ces deux sommes