ce qui fait un commerce illicite contre les loix de l' evangile et celles du royaume. C' est pourtant un commerce qu' un grand nombre de gens font, tant pour ne rien hazarder dans le négoce avec les marchands, que pour être toûjours maître de leurs deniers.
L' autre sorte de billets dont l' usage devient fort commun, et dont il seroit important d' arrêter le cours, parce qu' ils sont tous pernicieux au roy et à la societé civile, sont des billets payables au porteur sans autre addition, lesquels enferment d' ordinaire l' interest par avance comme les précedens. Cette maniere de billets a été mise en vogue par les gens d' affaires pendant la derniere guerre, pour mettre leurs effets à couvert des recherches qu' on pourroit faire contr' eux.
Un homme qui s' est mis en crédit, aura ramassé de grands biens, souvent aux dépens du roy et du public, et mourra riche de deux millions en de semblables billets. Ses heritiers aprés s' en être saisis, renonceront à sa succession. S' il a malversé dans le maniement des deniers du roy, ou s' il a pris ceux des particuliers, il n' y aura point de recours contre luy, parce que ces billets ne le manifestent point, et que l' argent donné en consequence n' a point de suite.
L' usage des billets de la premiere sorte ne peut être toleré qu' entre marchands, et pour fait de marchandises seulement, et doit être interdit à toutes autres personnes ; ce qui sera trés-aisé, parce