ën, parce que ceux qui y ont eu le plus de part sont encore en vie, qui pourront en rendre compte au roy si sa majesté le veut sçavoir ; rien n' étant capable de faire concevoir plus vivement, combien sont grands les maux que cause la taille personnelle.
Ce qu' on appelle la banlieuë de Rouën, consiste en trente-cinq ou trente-six paroisses, qui sont aux environs de la même ville dans l' espace d' une bonne lieuë et demie, et en quelques endroits de deux petites lieuës.
Ces trente-cinq paroisses sont exemptes de taille pour autant qu' il y en a d' enfermé dans les bornes de la banlieuë, qui ne les comprend pas toutes dans toute leur étenduë, mais qui en coupe quelques-unes, et presque toutes celles qui sont aux extrêmitez, par des lignes qui se tirent d' une borne à l' autre ; et comme elles ont cette exemption de la taille commune avec la ville, elles payent aussi les mêmes droits d' entrée pour les viandes et les boissons qui s' y consomment.
Quoy que cette exemption ne soit qu' en idée, comme on le verra incontinent, elle a néanmoins fait regarder ces paroisses avec un oeil de jalousie, non seulement par leurs voisins, mais même par messieurs les intendans, qui n' ont pû les voir dans la tranquillité et dans une abondance apparente, pendant que les difficultez qui se trouvent dans la répartition et dans la perception de la taille, n' apportent que du trouble et de la desolation dans les autres.