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De tous ceux à qui le dénombrement des peuples peut être utile, il n' y en a point à qui il le soit davantage qu' au roy même ; puisque ce n' est que par rapport à son service que les autres en ont besoin ; étant certain que son premier et principal interest est celuy de la conservation de ses peuples, et de leur accroissement ; parce que le plus grand malheur qui puisse arriver à son etat, est leur déperissement. Or le moyen de l' empêcher est de les connoître, et d' en sçavoir le nombre, les differentes qualitez, les dispositions generales et particulieres où ils sont ; ce qui leur fait bien, et ce qui leur fait mal ; ce qui peut troubler leur repos, ou le procurer ; ce qui peut contribuer à leur accroissement, ou les faire déperir. De sçavoir comme ils se conduisent, les nouveautez qui s' introduisent parmy eux, à quoy il faut soigneusement prendre garde ; et enfin ce qui fait leur pauvreté ou leur richesse. De quoy ils subsistent, et font commerce ; les sciences, arts et métiers qu' on professe parmy eux, et ceux qui leur manquent. Tout cela ne se peut sçavoir que par des revûës souvent repetées, avec des distinctions exactes des differentes conditions qui sont parmy eux, qu' il faut non moins curieusement que trés-soigneusement examiner, et bien démêler ; étant trés-important d' empêcher qu' un etat n' empiéte sur l' autre, et que les distinctions ne s' accroissent davantage.

Quelle satisfaction ne seroit-ce pas à un grand roy