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ler, perſuadé qu’il n’y a rien dont une vive & longue application ne puiſſe venir à bout.

J’ay donc premierement examiné la Taille dans ſon principe & dans ſon origine ; je l’ay ſuivie dans ſa pratique, dans ſon état d’innocence, & dans ſa corruption ; & aprés en avoir découvert les deſordres, j’ay cherché s’il n’y auroit pas moyen de la remettre dans la pureté de ſon ancien établiſſement, en luy ôtant les défauts & abus qui s’y ſont introduits par la maniere arbitraire de l’impoſer, qui l’ont renduë ſi odieuſe.

J’ay trouvé que dés le temps de Charles VII on avoit pris toutes les précautions qui avoient parû neceſſaires pour prévenir les abus qui pourroient s’y gliſſer dans les ſuites, & que ces précautions ont été bonnes, ou du moins que le mal n’a été que peu ſenſible, tant que le fardeau a été leger, & que d’autres Impoſitions n’ont point augmenté les charges ; mais dés qu’elles ont commencé à ſe faire un peu trop ſentir, tout le monde a fait ce qu’il a pû pour les éviter ; ce qui ayant donné lieu au deſordre, & à la mauvaiſe foy de s’introduire dans le détail de la Taille, elle eſt devenuë arbitraire, corruptible, & en toute maniere accablante à un point qui ne ſe peut exprimer. Ce qui s’eſt tellement compliqué & enraciné, que quand même on viendroit à bout de le ramener à ſon premier établiſſement, ce ne ſeroit tout au plus qu’un remede paliatif qui ne dureroit pas long-temps ; car les chemins de la corruption