dix-huit livres le minot, on ruineroit le commerce du poisson salé qui se fait dans le royaume, et il passeroit tout entier aux anglois et aux hollandois, lesquels font pour l' ordinaire ces salaisons du sel de Saint Hubés en Portugal, qui ne leur coûte presque rien.
C' est pourquoy il est du bien de l' etat de continuer de donner à ceux de Dieppe et autres villes maritimes qui font pareil commerce, le sel au prix accoûtumé pour ces salaisons : en prenant les mêmes précautions qu' on prend aujourd' huy pour empêcher que les habitans de ces villes et lieux n' en mesusent, ou telles autres qu' on jugera les plus convenables.
Supposant donc que tout le royaume se puisse peu à peu réduire à ce prix, je mettray icy le troisiéme fonds, pour le premier et plus bas pied, à la somme cy-dessus calculée de vingt-trois millions quatre cens mil livres ; laquelle augmentera bien plûtôt qu' elle ne diminuëra, à cause de la plus grande consommation qui s' en fera. Mais on peut compter sûrement que le peuple y gagnera le double, non seulement par le rabais du sel, mais encore, parce qu' il sera délivré de tous les frais et friponneries qui se font dans le debit.
Une consideration importante qu' on doit toûjours avoir devant les yeux, est, que le sel est necessaire à la nourriture des hommes et des bestiaux, et qu' il faut toûjours l' aider et le faciliter, sans jamais