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D’UNE FEMME SENSIBLE.

Tantôt je perds tout courage, je me sens prête à jeter des cris de douleur. Tout à l’heure je ne pouvais tenir dans cet appartement : j’ai voulu sortir ; pour aller où !… Je ne sais,… peut-être encore chez vous. Je descendais précipitamment ; mais je ne puis faire un pas dans cette affreuse journée, qui ne me devienne une honte ou un désespoir : j’ai vu venir quelqu’un ; c’était Alfred… – Alfred !… – Que me voulait-il ? Je suis remontée avec effroi, j’ai défendu qu’on le laissât entrer, et je me suis trouvée, je ne sais comment, dans mon cabinet. Là, mes idées ont encore changé de face ; mais cette fois, ah ! mon ami ! c’était la raison, la pure raison qui m’éclairait. En me revoyant dans ce sanctuaire des arts, entourée de ces objets qui si longtemps ont fait mon bonheur et ma joie, un voile est comme tombé de dessus mes yeux ; je me suis sentie rougir ; un sentiment qui ressemblait à l’orgueil offensé, que dis-je ? à la colère, s’est emparé de moi. J’ai sonné ; je voulais faire rappeler Alfred. J’étais indignée d’avoir craint de me montrer à tous les yeux. Si vous fussiez entré dans ce moment, si vous vous