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VINGT-QUATRE HEURES

nieuse ; en cherchant à peindre la jalousie, non dans ses fureurs, mais dans les douleurs dont elle accable une âme ardente et sensible, j’oubliais en quelque sorte ce qui frappait mes yeux ; les troubles du monde semblaient se perdre pour moi dans les malheurs imaginaires de mon héroïne, et ce bienfait que je devais au travail n’est pas le moindre de tous ceux qu’il m’a prodigués. Il faut l’avouer ; il y a dans tout ce qui tient à ces vives sensations quelque chose qui touche de si près, qui se confond si bien avec l’idée que l’on se fait du véritable bonheur, qui élève si naturellement au-dessus des hommes et des choses, que l’auteur qui peut joindre cette illusion au charme de son travail, a sans doute trouvé (au moins pour quelques instants) une des plus douces consolations qu’il nous soit donné de goûter sur la terre.

Cependant, ce petit roman est si différent de mes autres ouvrages, que bien qu’en le terminant j’eusse eu l’intention de le publier, j’hésitai encore longtemps : peut-être même n’aurais-je pu m’y décider si je n’y eusse vu un but vraiment