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VINGT-QUATRE HEURES

sure de mes maux, ou que mon âme épuisée ne pût plus suffire à des sensations si violentes, je tombai dans un véritable accès de désespoir, et mes esprits et mes forces m’abandonnèrent à la fois.

Je ne me rappelle plus le reste que comme un rêve. J’étais dans une sorte de délire, j’entendais un bruit confus de voix. Votre image, celle du prince de R…, et, ce qui me confond, celle du jeune Alfred, étaient toujours devant mes yeux. J’ignore même comment je me trouvai dans une voiture qui me ramena chez moi. Je sais seulement que, dès que je m’y retrouvai, mes jambes tremblantes me portèrent vers cette table où je vous ai écrit tant de fois ; que je pris une plume et que j’écrivis. Vous savez tout, mais ce que j’ai souffert en me retraçant tant d’affronts et de déshonneur auxquels je me suis exposée pour vous, ingrat, qui me trahissez, moi seule, moi seule je puis le comprendre.

Allez cependant, allez chez le prince de R…, puisqu’il n’ignore plus rien ; hâtez-vous de l’apaiser, et de vous justifier du malheur de m’avoir aimée. Accusez-