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VINGT-QUATRE HEURES

touffer. Je ne sais ce que j’allais devenir ; mais tout à coup, changeant de ton, il s’approcha de moi, il me pria de me calmer et de l’écouter ; il m’appela sa chère nièce : et pour sceller, dit-il, notre réconciliation, il prit ma main, qu’il baisa à plusieurs reprises avec une familiarité qui ne lui est pas ordinaire, et qui, dans le trouble où j’étais, fit naître en moi subitement la plus affreuse de toutes les craintes. Je me levai effrayée, et voulus sortir. Il s’y opposa en se mettant sur mon passage. De plus en plus alarmée, je m’élançai vers la porte ; mais se hâtant de la fermer, il osa me saisir par le bras pour m’arrêter ; ce qui me causa une telle épouvante que, quoi qu’il pût me dire, je me dégageai avec violence, et me mis à fuir en jetant des cris aigus qui attirèrent bientôt Charles, suivi de tous vos gens. Non, je ne puis peindre ce qui se passa en moi quand je les entendis s’approcher. J’aurais voulu que la terre s’entr’ouvrît sous mes pas pour me soustraire à leurs regards : votre oncle se hâta de rentrer chez vous ; mais il était trop tard, ils nous avaient aperçus. J’étais en pleurs, en