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D’UNE FEMME SENSIBLE.

est possible que tu m’aimes encore ! l’amour disparut entièrement de mon cœur ; j’osai croire un instant que ses plus grands tourments n’étaient rien auprès des poignantes douleurs de l’honneur offensé. Je ne vis plus que la tache imprimée à ma vie par cette fatale rencontre ; et, pour la première fois depuis mon malheur, mon courage m’abandonna entièrement, et des torrents de larmes s’échappèrent de mes yeux.

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J’ai été forcée de m’arrêter. J’ai cru être à mon dernier moment. Mais il faut achever cette terrible tâche.

Je ne sais ce que devint cette fatale lettre. J’étais tombée sur un siège, dans un état digne de pitié. Le prince, sans doute pour se jouer de ma douleur, parut d’abord ne pas s’en apercevoir ; il m’accablait au contraire d’excuses ironiques qui, quoique je les entendisse à peine, ajoutaient tellement à l’horreur de ma situation, que je croyais mes sanglots prêts à m’é-