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D’UNE FEMME SENSIBLE.

Ici ma main tremble, mon front se couvre de rougeur. À quel excès l’amour ne porte-t-il pas ? Il m’avait fait séduire vos gens, violer votre asile, oublier tout ce que je me devais à moi-même. Eh bien, ce n’était encore que le commencement de ma honte. Dès que je me suis vue seule, une sorte d’ivresse désespérée s’est emparée de moi. J’ai cherché des portes, j’ai trouvé celle de votre cabinet ; j’y suis entrée, j’ai osé lire toutes vos lettres ; il n’est pas un seul de vos papiers qui ait échappé à mes avides regards. Bien plus, irritée d’une inutile recherche, j’ai enfin jeté les yeux sur votre secrétaire. Ah ! je les en avais détournés vingt fois ! Je me craignais moi-même. Il était fermé, j’y ai essayé toutes les clefs que j’ai pu trouver, une l’a ouvert ; j’en ai frémi, et je me suis reculée avec effroi : il me semblait que je commettais un crime. Mais que ne peut la jalousie ? je m’en suis rapprochée presque à l’instant, et le premier objet qui a frappé mes yeux (comment puis-je l’écrire sans en mourir de douleur !), le premier objet qui a frappé mes yeux a été une lettre ouverte, signée du nom de madame