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D’UNE FEMME SENSIBLE.

moins le foyer des idées élevées et philosophiques que des idées douces et tendres, et qu’elle en est même une condition plus nécessaire. Enfin, je m’étais assez longtemps et à plusieurs reprises occupée de ce roman dont je voulais faire aussi un tableau, ou plutôt une espèce d’étude du cœur d’une femme. Mais la difficulté d’y soutenir l’intérêt par l’analyse seule des sentiments m’avait paru exiger trop de travail pour un ouvrage de ce genre. Je l’avais abandonné, et, sans doute, il n’aurait eu aucune suite, si, me trouvant à la campagne et loin de mon pays, pendant les années de guerre qui viennent de s’écouler[1], le besoin impérieux d’une forte distraction ne l’eût rappelé tout à coup à mon souvenir.

Ce fut alors que je le terminai, et je ne puis dire assez de quelle ressource il me fut dans ces moments d’agitation et de solitude. En calculant ces simples événements ; en écrivant ces lettres pour lesquelles aucune expression ne me paraissait assez passionnée, ni aucune phrase assez harmo-

  1. 1814 et 1815.