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VINGT-QUATRE HEURES

désespoir. Voilà où j’en suis. Pourtant, je dois le dire, je m’efforce de me cacher à moi-même l’excès de mon inquiétude. Plus elle me paraît avoir une cause réelle, et plus je cherche à me la dissimuler. Étrange force, étrange faiblesse du cœur humain ! Lorsque, dans l’emportement de la passion, nous nous forgeons mille craintes chimériques, nous nous plaisons en quelque sorte à nous abandonner à ce délire. Il semble qu’une voix secrète nous dise qu’il peut n’être qu’un jeu de notre imagination ; mais quand la certitude arrive ; quand nous pouvons dire : Cela est, nous rentrons en nous-mêmes, nous devenons plus réservés, et nous cherchons à nous dissimuler même ce qui frappe nos yeux. Il y a quelques instants, rien n’arrêtait mes conjectures sur le retard de ce billet tant désiré, et maintenant je trouve mille raisons pour l’excuser. Je me dis que peut-être vous n’êtes pas encore réveillé, que quelque affaire imprévue vous empêche de me répondre ; comme si je n’étais pas votre première affaire ! Je viens même à penser que vous êtes malade… malade !… cette pensée est horrible ;