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D’UNE FEMME SENSIBLE.

d’amie, d’amante, d’épouse ; ces expressions tendres et passionnées qui s’échappaient par torrents de ta bouche. Elles pénétrèrent jusqu’à mon cœur ; elles le remplirent d’une pure ivresse ; mes esprits se ranimèrent, et déjà, à travers les nuages qui semblaient te dérober encore à ma vue, je commençais à distinguer tes traits, lorsque le bruit d’une voiture m’annonça une visite.

Non ! il n’est point de révolution de l’âme qui puisse faire mourir, puisque je survécus à ce passage subit de l’enchantement de l’amour aux froides convenances de la société. Je me crus précipitée du ciel. Je jetai un cri douloureux, et dans mon trouble, sentant que nous avions à peine quelques secondes, je m’élançai dans tes bras où tu me pressas avec tant de force, que je crus un instant avoir cessé d’exister. Ô délices ! ô transports ! ô moments qui valez une vie entière !

Je ne conçois point comment, dans ce bouleversement de toutes nos facultés, nous pûmes comprendre qu’il fallait nous séparer ; mais on ouvrait des portes, notre seule émotion nous eût trahis ; j’eus le courage