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VINGT-QUATRE HEURES

sirs ; mon bonheur, mon orgueil, ma vie, tout s’est confondu, anéanti dans le désir de te plaire et le besoin de t’aimer ; mais aussi quelle source inépuisable de félicité, et comme elle rend froids et insipides, tous les plaisirs que l’on goûtait sans elle !

Ah ! Dieu ! te rappelles-tu cet instant de délices où pour la première fois nos cœurs se sont entendus ? Les plus légères circonstances en sont encore présentes à ma pensée. Nous nous connaissions à peine ; mais déjà tes regards, tout l’ensemble de ta personne m’avaient fait pressentir mon bonheur. Il semble qu’il y ait entre deux êtres qui doivent s’aimer une sorte d’appel involontaire et réciproque de toutes les facultés, auquel il est impossible de se tromper. J’étais seule un matin, je venais de laisser un tableau à moitié ébauché ; j’avais pris un livre dont, depuis un quart d’heure, mes yeux parcouraient la même page sans que la préoccupation de mes esprits me permît d’y rien comprendre. Tout à coup mon oreille est frappée du bruit de tes pas (car déjà je les aurais distingués entre mille autres) ; on t’annonce !… Quel moment !