feu qui me dévorait ! Mon amour, mon seul bien, il est donc vrai que tu m’aimes ? que tu m’as toujours aimée ? ai-je donc pu en douter ? injuste, ingrate que j’étais !… Excuse, excuse ; sois à jamais l’arbitre de ma destinée. Je m’abandonne, je me confie à toi. Je remets entre tes mains mon bonheur, mon existence, ma vie. Je consens à cacher encore à tous les yeux le secret de notre félicité ; mais songe pourtant que le retard que tu m’imposes est un malheur pour toi-même ; que le sort se joue presque toujours des vaines prévoyances des hommes, et qu’en tout, il est dans la marche naturelle de la conduite je ne sais quoi de droit et de légitime qui entraîne les événements, et qui conduit mieux au but que les mystères toujours calculés au hasard.
Mais l’heure s’avance ; Charles peut enfin aller secrètement chez toi. J’appelais ce moment de toutes les facultés de mon âme, et maintenant il me trouble et m’agite. Sait-on jamais ce que l’on désire ? Vais-je faire porter ces lettres ? Te les enverrai-je toutes ? Dois-tu connaître l’excès de mon délire ? Pourquoi non ? Ah !