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D’UNE FEMME SENSIBLE.

bitons les mêmes lieux, portons le même nom ; que le matin, que le soir nous revoie ensemble, et, toute entière à mon bonheur, je suis bien sûre de vous environner d’un charme de tendresse qui ne permettra à aucune impression étrangère d’arriver jusqu’à vous, et qui me garantira à jamais des craintes de mon cœur, ou plutôt des égarements de mon imagination.

Voilà, mon ami, ce que je voulais vous dire, ce que je vous demande. Je sais d’avance ce que vous allez me répondre. Je sais que de grands intérêts de famille compromettent dans ce moment vos biens, vos titres, et jusqu’à votre rang dans le monde. Je sais que le vieux prince de R…, votre oncle et votre protecteur, nommé l’arbitre de ces grands différends, promet de les décider en votre faveur. Je suis loin d’oublier (car il n’est pas de jour où je ne nie le reproche) que, cédant aux instances de ma famille, j’allais recevoir sa main lorsqu’il vous a lui-même amené chez moi, que l’amour a changé à l’instant mes résolutions, et que, bravant tout, j’ai rompu avec lui sous un prétexte frivole, ce qui lui laisse encore l’espoir de me