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D’UNE FEMME SENSIBLE.

s’amuse porte dans mes esprits un désordre plus grand encore ; je prévois longtemps d’avance ce qui peut y faire naître la moindre familiarité, et, ces pensées s’emparant entièrement de moi, je conserve à peine la portion d’intelligence nécessaire pour partager ces frivoles amusements. Le seul mot de danse me glace. La valse me paraît la plus horrible profanation de l’amour. Je me l’interdis avec tout le monde, et, dix fois, l’image de l’heureuse femme que j’ai vue ainsi dans vos bras, et presque sur votre sein, m’a poursuivie pendant des nuits entières.

Sachez tout : dans ce cabinet solitaire même, dans ce coin reculé de mon appartement, asile sacré de l’amour, où nous avons trouvé le moyen de nous voir à l’insu de l’univers, ces terribles idées me poursuivent encore. Quoique, me défiant de moi-même, je m’efforce de ne pas vous y devancer, chaque pas que je fais pour m’en approcher accroît en moi la crainte de ne pas vous y trouver. Quand mes yeux commencent à distinguer la porte, mon agitation est devenue si forte que je puis à peine respirer. Si je ne vous aperçois