Page:De Théis - Oeuvres complètes, Tome 3, 1842.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
PREMIÈRE PARTIE.

d’espoir, de douleur que nous éprouvions lorsqu’ils frappaient nos regards.

Un jeune amant loin de celle qu’il aime n’a pas seulement devant les yeux tout ce qui l’a charmé en elle, il revoit le lieu, la place où il l’a aperçue pour la première fois ; la forme, la couleur de ses vêtements ; l’arbre, le palais, la chaumière près desquels il a reçu ses tendres serments. La mère désolée qui perd un enfant chéri mêle, malgré elle, aux regrets sous lesquels elle succombe, l’image des objets qui l’environnaient dans le fatal moment, et tant qu’elle existera, sa douleur les lui rappellera, et ils lui rappelleront sa douleur. L’homme que transporte la colère, celui qui échappe à un grand danger, ont vu, sans le savoir, tout ce qui s’offrait à leurs regards dans l’instant où la passion ou la crainte paraissait seule les agiter. Les idées mêmes, les idées qui semblent indépendantes de tout, laissent encore en nous le souvenir des lieux où nous étions, des personnes qui étaient près de nous, de ce que nous apercevions au moment où elles se sont présentées à notre esprit. Tout enfin