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D’UNE FEMME SENSIBLE.

de ce feu qui nous dévore. Ah ! enivrons-nous, au moins, pendant ce court passage, de tout ce que l’amour a de plus pur et de plus ardent ; ne souillons pas ses délices par des erreurs et des craintes vulgaires ; et, dans tous les instants de notre existence où nos cœurs s’élanceront l’un vers l’autre, que l’amour seul les embrase, et que l’ombre même du soupçon n’ose s’approcher de nous !…

On vient !… Quel supplice insupportable ! Ce sont mes femmes ; elles m’auront entendue ;… que leurs soins me sont importuns ! À quel charme ils m’arrachent ! Qu’il y a loin de ces circonstances ordinaires de la vie aux brûlants épanchements de l’âme ! Mais, hélas ! pourquoi craindrais-je de perdre une seule minute ? Pourquoi me suis-je levée avec le jour ? une heure ne doit-elle pas s’écouler encore avant que tu lises ces lettres écrites dans l’agitation et l’impatience de ma tendresse ? Ah ! mon ami ! que cette heure pèse sur mon cœur ! que vais-je en faire ? combien d’autres ne vont-elles pas m’accabler encore avant que je te revoie ? Sera-ce ce matin, ce soir, chez moi, dans le