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PREMIÈRE PARTIE.

que chose d’affreux, et place en cela l’homme fort au-dessous de l’animal le plus féroce qui au moins attaque ouvertement, et ne cède dans sa fureur qu’à la loi du besoin, ou à l’instinct que lui a donné la nature.


XLIII.


La méchanceté d’un homme naturellement vicieux, insensible, ou même cruel, est moins à craindre que celle d’un homme faible que les circonstances ont perverti. Le premier, quand le besoin du mal que lui a donné la nature est satisfait, peut au moins être calme un instant, et se laisser surprendre par quelques sentiments généreux, jusqu’à ce qu’une circonstance nouvelle réveille en lui ce terrible besoin. Mais l’autre en qui il est entièrement factice, et qui a dû faire un effort extraordinaire pour s’y abandonner, ne peut, dans le déréglement de ses facultés, que céder à une rage aveugle qui devient une sorte de délire, et qui ne peut connaître ni satiété, ni bornes.