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PENSÉES.


C.


L’homme de la société, ont dit quelques grands philosophes, n’est plus l’homme de la nature, et c’est à cette cause qu’il faut attribuer une partie des maux qui nous affligent. Il semble facile de combattre cette opinion.

On ne peut douter que l’homme ne soit né pour vivre en société, puisque partout il vit en société. L’habitant des bois, des champs, le sauvage même, a aussi, à sa manière, une existence sociale, et, quelque restreinte qu’elle soit, on y retrouve, sous des formes âpres et grossières, toutes les passions qui nous agitent. La nature, en assignant à chaque être, à chaque espèce, sa place dans le grand enchaînement des choses, leur a aussi assigné les penchants qui leur sont propres et la route qu’ils doivent suivre, et il ne serait pas plus possible à l’homme de s’en écarter qu’à tout ce qui existe sur la terre. L’amour de la société, le besoin des lumières, sont aussi les éléments de son existence,