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PREMIÈRE PARTIE.

nous cause, par cette raison, des émotions vagues et de pur instinct, qui n’ont pas assez de poids pour que nous les raisonnions, mais qui sont trop réelles pour ne pas nous faire une impression quelconque. Si ces émotions n’ont aucune suite, elles s’évanouissent et ne nous semblent plus qu’un rêve de notre imagination ; mais si elles se renouvellent, elles finissent par établir en nous un sentiment de prévoyance qui tient nos facultés éveillées sur ce que l’instinct nous fait craindre, qui s’augmente avec le danger, et qui nous en avertit mieux que notre raison même, dont les jugements ne peuvent reposer que sur des données claires et certaines.

C’est évidemment de cette disposition de nos esprits, de l’enchaînement et de l’ébranlement de tous ces fils, que naît ce que nous appelons les pressentiments ; et c’est, lorsque des circonstances nouvelles nous donnent des lumières plus positives, et quand ce que nous avons prévu arrive, que nous disons : « J’en avais le pressentiment. »

La sensation à laquelle on donne ce nom n’est donc