pendant toute la route ; sa voix me faisait l’effet d’une suite de sons doux et confus ; je ne distinguais rien. Pourtant je crois qu’il m’a parlé d’amour. Oui, je me le rappelle, il m’a parlé d’amour ; il a pressé ma main en descendant de voiture ; il paraissait tremblant, et les mots de tendresse, de passion, ont frappé mon oreille… Voilà pourtant à quoi tu m’exposes !
En me revoyant chez moi, je ne puis dire ce que j’ai éprouvé. J’étais comme hors de tout ce qui m’environnait. Mon vieux Charles, ce digne serviteur, devant qui du moins je puis prononcer ton nom, était effrayé du désordre de mes esprits. Je formais mille projets : je croyais toujours t’entendre. Quand je me suis couchée, après avoir perdu tout espoir, je ne voyais plus clair dans mes pensées ; et cette longue nuit qui nous séparait encore était pour moi une éternité de douleurs. Mais les premiers rayons du jour m’ont rendu quelque calme : il me semblait qu’ils éclairaient aussi mon âme. Dès qu’ils ont paru, je me suis levée pour t’écrire. Cette lettre va rester sur ma table, je le sais ; il est à peine cinq heures, et Charles