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PREMIÈRE PARTIE.

ou de n’en pas avoir. Elles sont la suite de notre organisation régulière, qui nous rend sans cesse, malgré nous, les mêmes désirs, les mêmes besoins, les mêmes sensations. La nature, toujours sage et prévoyante, nous a donné, il est vrai, la faculté de plier nos habitudes à la nécessité, et quelquefois à notre volonté ; mais, outre que cette facilité est bornée, elle n’est qu’illusoire ; car nous ne renonçons à une habitude que pour en contracter une autre, et nous revenons ainsi, par un chemin différent, au point d’où nous étions partis. En un mot, nous, ne pouvons que nous soumettre à cette première condition de notre existence ; et si, en effet, il était possible à l’homme de s’y soustraire, celui qui y parviendrait ne serait plus qu’un être malheureux et isolé sur la terre, parce qu’il serait sans cesse en opposition avec lui-même et avec les autres, et parce qu’ayant pris l’habitude de n’en pas avoir, l’ordre nécessairement établi dans les relations, les devoirs, les plaisirs même de la vie sociale, la lui rendrait insupportable.