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D’UNE FEMME SENSIBLE.

toi ! Tu n’auras donc pas à déchoir en te donnant à ton ami… Mais, que tu m’as fait de mal ce soir, pendant cette longue conversation avec madame de B… ! Quand elle m’a prié de la reconduire, j’étais si troublé de l’état où je te voyais, que j’ai failli vingt fois trahir notre secret, et perdre dans un instant le fruit de tant de soins et de mystères. J’ai trouvé le moyen de passer près de toi, et de te dire quelques mots que mes regards et mes signes auraient dû te faire comprendre ; mais, pauvre amie, étais-tu en état de m’entendre ?… que je souffrais en te quittant !… Mais je m’arrête ; tu meurs d’inquiétude, et je me reproche chaque seconde que j’emploie à te consoler. Adieu en hâte, adieu, douce et chère moitié de moi-même ; adieu, je pars et te presse mille fois contre mon cœur tout rempli de toi.

P. S. Je rouvre ma lettre. Je viens d’en recevoir une de madame de B… Ah ! bien chère amie ! que je vais t’affliger encore ! Elle me prie de l’attendre, elle va venir me prendre avec sa mère. Au moment de partir, le prince a été appelé à la cour ; il me charge d’accompagner ces dames, et d’excuser son retard