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D’UNE FEMME SENSIBLE.

traits, et, hors de moi, transportée de joie, d’amour, j’ouvris les bras,… oh ciel ! j’ouvris les bras et je crus me précipiter dans les vôtres en vous accablant des noms les plus tendres ; mais je me sentis repoussée violemment, et j’entendis Alfred s’écrier, car c’était lui : « Non, non, restez pure comme votre âme, mais sachez-moi gré de ce sacrifice ; il est au-dessus des forces humaines. » Il disparut à l’instant… Et moi… moi…, que vous dirai-je ? Au son de cette voix qui n’était pas la vôtre, à ces horribles paroles que des milliers de siècles n’effaceraient pas de mon souvenir, je me suis crue frappée de la foudre ; j’ai jeté des cris douloureux ; des flots de larmes ont jailli de mes yeux ; je courais çà et là comme une insensée, dans une crise de désespoir dont je vous épargne le fatal récit. M’être mise moi-même dans cette affreuse situation !… Avoir pu faire penser !… supposer ! moi… moi… et vous avoir perdu à jamais !… ah ! c’en était trop ! mon sort était décidé. Dès que la nature épuisée m’a laissé quelque calme, j’ai pris la résolution de mourir, et je vais l’exécuter. J’en ai trouvé à l’ins-