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D’UNE FEMME SENSIBLE.

et insensée ! Avec quelle avidité je cherchais à lire ce sentiment dans ses regards ! Il les détournait d’abord, comme s’il eût craint de se laisser deviner ; mais s’élevant tout à coup au-dessus de lui-même, et prenant la parole avec ce ton de vérité simple et irrésistible qui fait évanouir comme un songe toutes les vaines chimères, il me prouva, je sais à peine comment, que mon imagination ardente avait tout supposé ; que vous ne pouviez m’abandonner pour madame de B… Il sut me rassurer même sur les suites de ma fatale démarche chez vous, et il ajouta (ce sont ses propres expressions, mon ami), que, s’il était possible que mon honneur en reçut quelque atteinte, vous répareriez bientôt, quoi qu’il pût en arriver, une faute que l’amour seul m’avait fait commettre.

Ah ! qu’il est beau le rôle de consolateur ! comme il sied bien à l’homme ! comme il l’élève ! comme il le rapproche de l’idée que nous nous faisons de la Divinité ! Alfred me parut en ce moment un être plus qu’humain. À mesure qu’il parlait, mes yeux semblaient s’ouvrir, les événements se déroulaient naturellement