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D’UNE FEMME SENSIBLE.

persuasive a ranimé mes esprits égarés, et m’a forcée à douter au moins de mon malheur ! Mais ce n’est pas assez pour lui : rien arrête-t-il une belle âme qui conçoit l’idée d’une belle action ? Il ne veut confier qu’à lui le soin de hâter mon bonheur. Il est malheureux ; il connaît le prix d’une minute de moins de souffrance ; il vient de partir ; il va chez madame de B…, chez ses amis, chez les vôtres. À tel prix que ce soit, il saura tout. Il ne me cachera rien, je l’ai exigé, il me l’a promis, et dans une heure au plus il viendra m’apporter ou la vie ou la mort.

Que vous apprendrai-je encore ? tout, ah ! oui, tout : vous allez tout savoir. Ce jeune homme m’aime ; et quoiqu’il ne soit pas dans mon cœur une seule fibre que l’amour puisse émouvoir pour un autre que vous, vous ne devez rien ignorer de ce qu’il a pu me dire : mais je ne sais pas moi-même ce que j’éprouve ; je suis ivre de joie, d’espoir, de crainte : il faut que je me lève, que je marche, que je respire, que je m’accoutume à l’idée de mon bonheur ; que je puisse parler d’autre chose. Ah ! mon ami ! hier si aimée, si