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VINGT-QUATRE HEURES

vantable qu’un hasard retracerait subitement à ma pensée. Que vais-je devenir ? je ne sais. Mon avenir, ma vie, sont entre les mains du sort, entre les vôtres ; mais je dois, avant tout, sauver mon honneur : je dois sauver l’honneur de la femme que vous avez aimée. Si j’ai pu dire le contraire, si j’ai pu le penser, je m’abusais, la douleur m’égarait. L’amour au désespoir fait désirer la mort ; il peut la donner sans doute ; mais l’honneur !… Ah ! l’honneur est encore autre chose ! il n’est pas seulement dans l’âme, il est dans le sang ; il est né avec nous, il doit nous survivre, et la dernière pulsation de notre cœur doit nous donner encore la force de le défendre. Je viens d’écrire à ce jeune homme ; je le prie de venir à l’instant même. Je l’attends, je ne lui cacherai rien ; il saura que s’il m’a vue sortir de chez vous, et dans cet état horrible, c’est que je vous ai donné ma foi, que j’allais vous donner ma main, que vous m’avez indignement trahie ; il verra mon désespoir, il en connaîtra toutes les causes : le caractère de vérité empreint dans chacune de mes paroles les fera pénétrer jusqu’à son cœur. Peut-être