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D’UNE FEMME SENSIBLE.

étran- qu’il a prononcés, il s’est passé en moi quelque chose d’extraordinaire. Mille souvenirs confus se sont tout à coup présentés à mon esprit. Dès qu’il a été parti, je me suis hâtée de faire venir Charles et de l’interroger. Ah ! pourquoi ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Malheureuse ! il ne manque plus rien à ma honte ! Alfred en a été témoin ; et, pour comble d’horreur, sans lui elle eût été publique. Il était venu chez moi ; le hasard l’a conduit sur ma route à l’instant où je sortais de votre maison ; j’étais dans un véritable délire ; il m’a aperçue, il a volé à mon secours, il a écarté avec fureur une foule oisive et curieuse qui m’entourait déjà, il a résisté même au prince de R… qui était accouru, et qui voulait que je rentrasse chez vous, et, me prenant dans ses bras, il m’a portée dans sa voiture où il a forcé Charles de monter. Il s’est placé près de moi ; il était pâle et tremblant ; il n’a pas dit une seule parole, et, voyant que je commençais à reprendre connaissance, il est parti en me remettant aux soins de Charles. Voilà ce que je viens d’apprendre, et ce que je me rappelle maintenant comme un songe épou-