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D’UNE FEMME SENSIBLE.

fieront de cette indigne profanation. Reviens ! ne crains pas mes reproches, je ne t’en ferai pas, j’oublierai tout ; ma bouche ne s’ouvrira que pour te parler de mon bonheur. Que serait un pardon s’il était acheté si cher ! Et si tu crains la honte d’un repentir (car l’orgueil des hommes se mêle souvent à leurs plus doux sentiments), fais seulement que je puisse le soupçonner, et je t’épargnerai jusqu’à la moindre démarche. En tel lieu que tu sois, à la campagne, chez toi, chez cette femme, je volerai t’arracher de ses bras. Ce sera tout risquer, je le sens ; ce sera m’exposer encore au blâme, aux vains discours du monde ; mais qu’est-ce que cela auprès de ce que je souffre ? Ce monde si redouté nous a-t-il jamais payés des sacrifices que nous lui faisons ? Oui, dis un mot, et je pars. Je te chercherai, je te trouverai ; je te trouverai près de cette femme ; je n’y résisterai pas, je le sens : je tomberai là, devant toi, mourante. Mais tu ne me repousseras pas ; non, tu ne me repousseras pas, et je serai sauvée !

Dis-moi, dis-moi donc que tu ne me repousseras