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D’UNE FEMME SENSIBLE.

n’est pas donné à l’homme de trouver deux fois une âme qui sympathise en tout avec la sienne ; cette idée s’attachera à mon souvenir, que pour ton malheur elle embellira de plus d’attraits que je n’en ai jamais eu. Tu t’exagéreras tour à tour ces vains agréments, ces talents surtout qui flattent tant les hommes, et dont la femme qui aime fait si peu de cas. L’univers même, l’univers, où tu ne me verras plus, ne sera pour toi qu’une vaste solitude ; tu me regretteras enfin à ton dernier soupir ; et moi, dans la tombe où tu me fais descendre… (car ce n’est pas un mot, une vaine expression ; je ne puis vivre longtemps dans l’état affreux où je suis. Charles qui ne me quitte plus, mes femmes qui m’entourent et qui pleurent, tout me dit que mon malheur va finir avec ma vie). Mais moi, dans la tombe où tu me fais descendre, moi, trahie, abandonnée, perdue ; moi, je n’emporte au moins que la douleur d’avoir été trompée ! Adieu !

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