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l’Angleterre, la France.

En cours

héros de la campagne canadienne, le chevalier, devenu le maréchal de Lévis, offrait ses services pour concourir à l’exécution du projet. Les Anglais eux-mêmes ne pouvaient croire que la France considérât le Canada comme définitivement perdu. Au lendemain même de la paix de 1763, ils prévoyaient, dans un avenir plus ou moins long, l’éventualité d’une nouvelle guerre, s’imaginant que le premier souci de la France serait de reconquérir son ancienne colonie : « Lorsque je considère, écrivait, en 1768, il le gouverneur sir Guy Carleton, que la domination du Roi n’est maintenue qu’à l’aide de troupes peu nombreuses, et cela parmi une population militaire nombreuse, dont les gentilshommes sont tous des officiers d’expérience, pauvres, sans espoir qu’eux ou leurs descendants seront admis au service de leur présent souverain, je ne puis avoir de doute que la France, dès qu’elle sera décidée à recommencer la guerre cherchera à reprendre le Canada… Mais si la France commence une guerre dans 1 espérance que les colonies britanniques pousseront les choses aux extrémités, et qu’elle adopte le projet de les soutenir dans leurs idées d’indépendance, le Canada deviendra probablement la principale scène sur laquelle se jouera le sort de l’Amérique[1]. »

Quel ne dut pas être l’étonnement des Anglais en voyant les événements tourner d’une façon si étrangère à leurs prévisions, et si contraires à la vraisem-

  1. Rapport sur les Archives canadiennes. Ottawa, 1888.