le fleuve, Wolfe ne peut parvenir à opérer un débarquement. Le désespoir commençait à gagner les Anglais et leur jeune général lui-même ; l’hiver approchant allait enfermer le fleuve dans son épaisse muraille de glace. Bientôt la flotte entière devrait fuir ce formidable emprisonnement : déjà les Canadiens et Montcalm entrevoyaient leur délivrance, lorsque, par une sombre nuit d’automne, Wolfe, trompant la vigilance d’un poste français, put enfin, à la faveur des ténèbres, débarquer ses troupes dans une anse solitaire, à quelque distance au-dessus de Québec. Le soleil levant montra, aux yeux surpris et désolés des habitants, l’ennemi rangé en bataille devant la ville, dans une plaine dite la plaine d’Abraham, du nom du premier colon qui l’avait cultivée.
Le nombre était inégal ; la bataille s’engagea sanglante, et, dans la fureur de la lutte, les deux généraux ennemis — deux héros — trouvèrent la mort. Déjà Montcalm, blessé mortellement, avait été ramené dans Québec, quand Wolfe fut lui-même frappé.
« Ils fuient ! s’écrie près de lui un soldat anglais. — Qui ? demande-t-il avec anxiété. — Les Français ! — Je meurs heureux », murmure-t-il, et il expire.
Montcalm eut, lui aussi, le bonheur de mourir avant l’entrée des Anglais dans cette ville qu’il avait héroïquement défendue.
L’un des gouverneurs anglais, lord Dalhousie, a