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la colonisation.

seigneurs canadiens étaient en somme, comme le fait judicieusement remarquer M. Rameau de Saint-Père, des entrepreneurs du peuplement d’un territoire ». Sur la vaste étendue qui leur avait été concédée, ils appelaient eux-mêmes des colons, et leur intérêt particulier se trouvait ainsi d’accord avec l’intérêt général.

Si la noblesse n’était pas une condition nécessaire pour obtenir une seigneurie, elle pouvait par contre devenir la récompense du zèle déployé dans la culture et dans la mise en valeur des terres, et nous trouvons au Canada plusieurs exemples de ces anoblissements[1]. Les motifs invoqués dans les lettres de noblesse accordées entre autres au sieur Aubert en 1693 sont : « les avantages qu’il a procurés au commerce du Canada, depuis l’année 1655 qu’il y est établi…, qu’il a même employé des sommes très considérables pour le bien et l’augmentation de la colonie, et particulièrement pour le défrichement et la culture d’une grande étendue de terres en divers établissements séparés, et la construction de plusieurs belles maisons et autres édifices[2] … ».

L’intendant Talon avait même proposé de récompenser ces services coloniaux, non seulement par des lettres de noblesse, mais, pour les hommes les plus marquants et les plus dignes, par des titres. Il

  1. On peut citer les Boucher de Boucherville, les Le Movne, les Aubert de Gaspé, familles encore honorablement représentées au Canada.
  2. Lettres d’anoblissement du sieur Aubert de la Chesnaie, citées par Casgrain, Biographies canadiennes.